Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/133

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mais elles y sont différentes. Car l’esclave est entièrement privé de la faculté de délibérer (1) ; la femme la possède, mais faible et inefficace ; et l’enfant l’a aussi, mais incomplète et imparfaite.

7. Par conséquent, il faut nécessairement qu’il en soit de même des vertus morales ; et l’on est autorisé à croire qu’elles doivent être le partage de tous, non pas sans doute de la même manière, mais seulement autant qu’il le faut pour que chacun remplisse sa tâche. Voilà pourquoi celui qui commande doit posséder la vertu dans sa perfection, car sa tâche est absolument celle de l’architecte (2). Or, [ici] l’architecte, c’est la raison ; mais parmi les autres, chacun ne doit avoir de vertu qu’autant que le comporte sa situation ou sa destination.

8. Il est visible, d’après cela, que la vertu morale est une qualité de toutes les personnes dont nous venons de parler ; mais que ni la modération, ni le courage, ni la justice ne doivent être les mêmes dans l’homme et dans la femme comme le croyait Socrate (3). Dans celui-là le courage estune qualité qui sert à commander ; dans celle-ci, il sert à exécuter ce qu’un autre prescrit. Il en est de même des autres vertus. Au reste, cela se voit mieux encore quand on en fait l’application

(1) Voyez la Morale, 1. 3, c. 2.

(2) C’est-à-dire, se borne à concevoir des plans ou des dessins que d’autres exécutent sous ses ordres.

(3) Allusion à la doctrine exposée dans le cinquième livre de la Republique de Platon, et dans le dialogue du même auteur intitulé Ménon (sect. 3).