Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/132

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à obéir ? car enfin, il n’est pas possible que cette différence tienne au plus ou au moins, puisque commander et obéir diffèrent dans l’espèce, et non dans le degré.

5. Mais s’il faut que celui-là ait des vertus, et non pas celui-ci, ce serait quelque chose de bien surprenant. En effet, si celui qui commande ne doit être ni modéré ni juste, comment exercera-t-il son autorité d’une, manière convenable ? et si c’est celui qui obéit, comment pourra-t-il obéir comme il faut ? car, étant indocile et lâche, il ne saura remplir aucun de ses devoirs. Il suit évidemment de tout ceci que l’un et l’autre doivent avoir de la vertu, mais qu’il y aura de la différence entre leurs vertus, comme il y en a dans ceux que la nature a faits pour obéir. Et ceci nous ramène à ce qui a déjà été dit de l’ame ; car il y a en elle une partie que la nature a faite pour commander, et une autre qu’elle a faite pour obéir ; et dans chacune d’elles nous reconnaissons une propriété ou qualité différente : par exemple, la présence de la raison [dans l’une], et l’absence, ou la privation de la raison [dans l’autre].

6. On voit donc clairement qu’il en est de même de tous les autres [êtres] ; en sorte que la nature elle-même a destiné le plus grand nombre d’entre eux à commander et à obéir. Car l’homme libre exerce sur l’esclave une autorité qui n’est pas la même que celle du mari sur la femme, ni que celle du père sur ses enfants ; et néanmoins les parties de l’ame sont dans chacun de ces êtres,