Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/139

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ne saurait exprimer quelle satisfaction naît de la pensée qu’une chose nous appartient en propre. D’ailleurs il ne suffisait pas de considérer les inconvénients que peut prévenir le système proposé, il fallait aussi tenir compte des avantages dont il prive. Cette manière d’établir l’unité dans un état est donc bien imparfaite; mais une direction convenable , donnée à l’éducation de la jeunesse, y contribuerait plus efficacement. L’extrême inégalité qui , dans le système de Platon, doit nécessairement avoir lieu entre la classe des gardiens ou guerriers , d’où sont tirés les magistrats, et celle des laboureurs, auxquels on ne donne presque aucune éducation, doit aussi rendre ces deux classes entièrement ennemies l’une de l’autre , et faire comme deux sociétés ou deux cités en une. Enfin, la vie austère, et composée d’une suite de sacrifices continuels qui sont imposés à ces guerriers, en fera des hommes très-malheureux, et, dans un pareil état de choses, qui donc sera heureux , si ceux même qui jouissent de tous les avantages et de tous les privilèges ne le sont pas ? — III. Il semble que Platon, dans son traité des lois, ait voulu réformer sa première hypothèse, et la rapprocher davantage de ce qui est pratiqué et praticable, mais, à l’exception de la communauté des femmes et des biens, il y revient insensiblement au plan de sa première république ; seulement, il ajoute aux repas communs des hommes, une semblable institution pour les femmes. Il augmente aussi le nombre des individus qu’il présume nécessaires pour l’établissement d’un pareil système, et ce nombre suppose la possession d’un territoire immense. Il ne détermine pas avec assez de précision la quantité des biens nécessaires à l’existence de chaque citoyen; et ne songe pas, en établissant l’égalité des propriétés, à assigner des limites à l’accroissement de la population. II prétend qu’un gouvernement parfait doit se composer de tyrannie et de démocratie, deux modes qui ne sont réellement pas des gouvernements, ou qui sont les pires de tous. Mais celui qu’il propose n’est composé que d’éléments oligarchiques et démocratiques, ou plutôt penche entièrement vers l’oligarchie, comme le prouve l’examen du système d’élection des magistrats