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LIVRE II

ARGUMENT.

I. La recherche du système d’organisation sociale le plus parfait, exige que l’on connaisse, non -seulement les divers modes de gouvernement actuellement existants, mais même ceux qui ont été imaginés et proposés par divers écrivains ou philosophes. Et d’abord faut-il que tous les citoyens participent à l’autorité, les uns plus, les autres moins, ou que quelques classes plus ou moins nombreuses en soient exclues? Platon voulait que les femmes mêmes et les enfants fussent possédés en commun , afin que la cité qu’il concevait ainsi fût plus une: mais la cité ne cesserait-elle pas d’être cité, si on la ramenait ainsi à l’unité , puisque son essence est d’être composée d’une multitude? Sans doute, il y aurait quelque avantage à laisser toujours l’autorité à ceux qui sauraient l’exercer, mais ce serait détruire l’égalité et la liberté. En un mot, la nature des sociétés civiles ne comporte pas le mode d’unité que Platon a voulu établir : la communauté des femmes et des enfants , entre beaucoup d’inconvénients fort graves qui la rendent nuisible ou dangereuse , a celui d’affaiblir et presque d’anéantir les sentiments les plus naturels et les plus chers au cœur humain, ceux qui naissent des liens de famille. Une pareille institution offre dans son exécution , même telle que Platon l’a conçue, des embarras et des difficultés qui la rendent tout-à-fait impraticable.

— II. Il y a des objections non moins fortes contre le système de la communauté des biens tel qu’il est proposé dans la République de Platon ; car l’amour de soi est un des sentiments les plus impérieux et les plus naturels au cœur de l’homme , et l’on