Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/19

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nérale de tous les esprits supérieurs vers cette carrière, la seule qui fût alors convenable pour un homme placé dans une telle situation, tout l’invitait à prendre ce parti. Il y était même encouragé par plusieurs des hommes qui avaient alors la direction des affaires, et qui étaient ou ses parents, ou ses amis. Mais les circonstances déplorables où se trouvait la république, qu’il voyait livrée aux fureurs d’une faction sanguinaire, l’amour du juste, de l’honnête et du vrai, qu’il avait puisé dans son commerce habituel avec Socrate, le goût qu’il avait pris pour les spéculations intellectuelles et pour la philosophie, le détournèrent entièrement de son premier dessein.

Lui-même paraît avoir voulu retracer, plus tard, les sentiments pénibles qui l’avaient affecté, et les motifs qui le décidèrent à s’éloigner de la carrière des emplois, lorsqu’il dit : « Quand on a pu goûter « les douceurs de la vie purement contemplative, « et connaître la démence de la multitude ; lors « qu’où voit qu’il n’y a, pour ainsi dire, personne « qui traite sensément les affaires publiques : qu’il « est impossible de s’associer un compagnon avec « qui, entreprenant de venir au secours de la jus « tice, on puisse éviter de péril’. Enfin, quand on « s’est convaincu, au contraire, que prendre un « tel parti, s’est se jeter seul et sans défense au « milieu des bêtes féroces ; que, ne voulant pas

Tome II. b xviij DISCOURS