Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/20

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consentir aux injustices qui se commettent, et « ne pouvant pas résister seul à une multitude de « furieux, on ne saurait manquer d’être leur vic « time, avant d’avoir pu rendre le moindre service « à l’état et à ses amis : alors, réunissant par la « raison tous les motifs d’une détermination, plus « sensée, on vit dans la retraite, occupé uniquement « de remplir ses devoirs de simple particulier. Sem « blable au voyageur qui, au milieu des torrents « de pluie et des tourbillons de poussière qu’excite « une violente tempête, se met à l’abri de quelque « chétive masure, en voyant les autres se souiller « de toutes sortes d’iniquités, on s’estime du moins « heureux d’achever ici-bas sa vie, pur de toute « injustice, de tout acte impie, et d’attendre, dans « une généreuse espérance., avec calme et résigna « tion, celle qui doit lui succéder (1). »

Cependant il était naturel qu’un esprit aussi pénétrant, et dès long-temps accoutumé à méditer sur lés phénomènes de tout genre qui pouvaient attirer son attention, observât les causes d’un ordre de choses où tout l’intéressait vivement, même au milieu de circonstances qui devaient blesser ses sentiments les plus chers et affliger sa pensée. Doué d’un cœur aussi généreux que sensible, profondément affecté des maux auxquels il voyait sa patrie en

(1) Plat. De Republ. 1. 6, p. 496. PRÉ