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LIMINAIRE. lxv

philosophes, bien qu’ils aient, donné le nom de République au système de gouvernement dont ils s’appliquèrent, chacun de son côté, à tracer le modèle, fussent exclusivement partisans de cette forme d’organisation politique. Il est même à remarquer que l’un et l’autre se montrent partout très-peu favorables à la démocratie. Témoins des excès qui déshonorèrent trop souvent celle d’Athènes, ils n’hésitent point à déclarer que la royauté limitée ou légale, c’est-à-dire, dans laquelle un monarque héréditaire soumet son autorité aux lois, et ne la fait servir qu’au maintien de la justice et à la protection des sujets, leur paraît le meilleur de tous les gouvernements.

L’erreur la plus grave qu’on puisse leur reprocher, c’est d’avoir laissé subsister dans leurs théories, un vice radical, dont tous les peuples de l’antiquité ressentirent à divers intervalles les funestes effets ; dont l’action, ordinairement lente et sourde, mais toujours présente, minait insensiblement les vertus privées, et fut une des causes les plus incontestables de cette dégradation morale, qui amena la ruine de presque tous leurs gouvernements, le veux parler de l’esclavage domestique : ils ne virent pas que deux êtres, doués des mêmes facultés, ayant les mêmes besoins, les mêmes moyens naturels d’y pourvoir, par conséquent un droit égal à les satisfaire, et dont, pourtant l’un est entièrement Tome II. lxvj