Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/70

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DISCOURS

de l’influence de quelques individus sur la destinée des peuples. Cette influence, dont on ne saurait nier la réalité, dans certains cas, n’est peut-être jamais aussi entière ni aussi étendue qu’on semble l’imaginer. Car, ou ces individus savent se prévaloir, pour l’avantage de la société, de ce qu’ils y trouvent de forces et de moyens appropriés à cette fin ; et alors ils la font entrer dans une carrière de perfectionnement, où ses progrès ultérieurs ne peuvent plus être leur ouvrage : ou bien ils parviennent à s’associer, pour quelque temps, des forces et des moyens qu’ils dirigent contre le bien ou l’intérêt de cette même société ; et alors ils rencontrent des obstacles dont il leur est à la longueimpossible de triompher. Mais, dans l’un et l’autre cas, il resterait toujours, pour apprécier avec justesse l’influence d’un homme sur une nation, à déterminer jusqu’à quel point cet homme a été sollicité et, pour ainsi dire, appelé par la force des circonstances, qui exigeaient impérieusement tel genre d’impulsion ou de modification, plutôt que tel autre, pour lequel il aurait fallu un homme ayant un caractère, des desseins et des talents tout, différents.

D’ailleurs, l’influence d’un homme sur une nation tient peut-être toujours plus à sa situation particulière qu’à sa valeur propre, quelque grande qu’on la suppose, et elle finit ordinairement avec lui, quand PRÉLIMINAIRE. lxjx