Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/91

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les anciens temps. C’est encore pour cette raison qu’on prétend que les dieux sont soumis à un roi, parce que [parmi les hommes] les uns sont encore gouvernés ainsi, et les autres l’étaient anciennement. Or, de même que l’homme fait les dieux semblables à lui par la forme extérieure, de même il suppose que leur vie est semblable à la sienne.

8. L’association composée de plusieurs bourgades forme dès-lors une cité parfaite, possédant tous les moyens de se suffire à elle-même, et ayant atteint, pour ainsi dire, le but [de toute société] ; née en quelque sorte [1] du besoin de vivre, elle existe pour vivre avec aisance et abondance. C’est pourquoi l’on peut dire que toute cité est du fait de la nature, puisque c’est elle qui a formé les premières associations ; car la cité, ou société civile, est la fin de celles-ci. Or, la nature des êtres est leur fin [2] ; car l’état où se trouve chaque être à partir du moment de sa naissance jusqu’à son parfait développement, voilà ce que nous appelons la nature de cet être ; de l’homme, par exemple, du cheval, de la famille. De plus, le but [pour lequel il a été créé] et la fin est ce qu’il y a de plus avantageux et de meilleur [pour lui] ; or, la condition

  1. Ou uniquement, etc., elle subsiste ou se conserve, etc. Voyez les notes de Mr Coray, et le chap. 4e du livre III, § 3.
  2. La nature, c’est-à-dire, l’ensemble des conditions d’existence, des facultés et des moyens, est la fin des êtres ; c’est-à-dire, détermine le mode et le dernier degré de développement qu’ils sont destinés à atteindre.