Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/95

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side à une telle société, et le jugement décide de ce qui est juste (1).

II. À présent que j’ai fait connaître quels sont les éléments qui ont formé la cité, je dois parler d’abord de la famille, puisque toute cité est composée de membres ou de parties, c’est-à-dire (quand elle est complète et parfaite), d’hommes libres et d’esclaves. Or, comme il convient d’observer à part chacun des derniers éléments ; et comme les parties principales, et, pour ainsi dire, les derniers éléments de la famille, sont le maître et l’esclave, le mari et la femme, le père et les enfants ; il faut, ce me semble, examiner, au sujet de ces trois sortes de conditions, ce qu’est chacune d’elles, et quelles qualités les distinguent ou les caractérisent.

2. Elles font l’art ou la science des maîtres, celle des époux (car sous ce rapport l’union du mari et de la femme n’a pas en grec de nom particulier), et enfin celle qui regarde la production des enfants, pour laquelle nous n’avons pas non plus de terme propre (2). Soient néanmoins les trois

(1) « Mais la justice est chose civile : veu que le droit est l’or « dre de la compagnie civile ; et le jugement, la décision du « juste. » Trad. de L. Leroi. À quoi il ajoute la remarque suivante : « Δικαιοσύνη, c’est-à-dire la justice, est la vertu rendant, à chacun « ce qui lui appartient. Δίκη, est comme la juridiction qui pro « cède selon les lois ou coutumes reçues, et la disposition du « droit écrit. »

(2) Dans le chapitre 5e de ce même livre, § 1, il la nomme puissance paternelle.