Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/97

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1, CHAP. II. 15

Or, entré ces instruments, les uns sont inanimés, les autres animés. Ainsi, pour le pilote, le gouvernail du vaisseau est un instrument inanimé, et le matelot qui veille à la proue, un instrument animé ; car, dans les arts, le manouvrier est une sorte d’instrument, De même, une chose qu’on possède est un instrument utile, à la vie, et la somme des choses possédées, une multitude d’instruments ou d’outils. L’esclave est, en quelque sorte, une propriété animée ; et, en général, tout serviteur est comme un instrument supérieur à tous les autres. 5. En effet, si chaque outil pouvait, lorsqu’on le lui commanderait, ou même en pressentant d’avance l’ordre, exécuter, la tâche qui lui est propre, comme faisaient, dit-on, les statues de Dédale (1), ou comme les trépieds de Vulcain, qui d’eux-mêmes entraient, comme dit le poète, dans le conseil des dieux : si donc la navette… pouvait ainsi ; d’elle-même tisser la toile, ou l’archet frapper les cordes de la cithare, alors ni les architectes

(1) Dédale, suivant Diodore de Sicile (1. 4, c. 76), fut le premier qui donna, en quelque sorte, à ses statues du mouvement et de la vie, par les attitudes variées des bras et des jambes qu’il sut représenter, tandis que, avant lui, les statuaires ne savaient qu’appliquer les bras contre le corps et les jambes l’une contre l’autre, comme on le voit dans les monuments qui nous restent de l’art égyptien. Platon fait aussi mention de cette heureuse innovation, introduite par le statuaire athénien, dans l’Euthyphron, c. 12, et dans le Ménon, c. 39. Quant aux trépieds de Vulcain, dont notre auteur parle aussi en cet endroit, voy. l’Iliade d’Homère, ch. XVIII, vs. 376.