Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/288

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les choses ne se touchent pas entr’elles, ou n’en touchent pas d’autres qui peuvent, parleur nature, agir ou souffrir ; je veux dire, par exemple, que non seulement le feu échauffe au contact, mais qu’il échauffe aussi à distance ; car le feu échauffe l’air, et l’air échauffe le corps, parce que l’air peut, par sa nature, à la fois agir et souffrir.

§ 3.[1] Mais quand on dit qu’une chose peut souffrir dans une de ses parties et peut ne pas souffrir dans une autre, on doit expliquer ce qu’on entend par là, après la définition donnée dans le principe. Si en effet, la grandeur n’est pas absolument divisible en tous sens, mais qu’il y ait quelque chose, corps ou surface, qui soit indivisible en elle, il s’ensuivrait qu’il n’y a plus de grandeur qui puisse être totalement passive. Mais il n’y aurait plus rien non plus qui pût être continu. Or, si c’est là une erreur et que tout corps soit toujours divisible, il n’importe plus que le corps soit divisé réellement, et comme tel susceptible de contacts, ou qu’il soit simplement divisible ; car du moment qu’il peut

    venant d’elle-même. — Ne se touchent pas entr’elles, immédiatement. — Ou n’en touchent pas d’autres, qui servent alors comme d’intermédiaires pour arriver jusqu’à la chose sur laquelle doit s’exercer l’action. — Agir, en transmettant au corps la chaleur qu’il a reçue. — Et souffrir, en recevant directement la chaleur du feu, qu’il doit transmettre.

  1. § 3. Quand on dit, on pourrait traduire aussi : « quand je dis. » La nuance n’est pas très bien marquée dans le texte. — Après la définition donnée dans le principe, je me suis rapproché du texte autant que je l’ai pu ; mais la pensée reste toujours obscure. Le commentaire de Philopon n’a pu me servir à l’éclaircir. — Il s’ensuivrait, le texte n’est pas aussi précis ; mais ce sens semble résulter nécessairement de ce qui suit. — Qui puisse être totalement passive, voir le § précédent. — Qui pût être continu, parce que les atomes sont isolés les uns des autres, et qu’étant ainsi séparés, ils ne peuvent plus avoir la continuité nécessaire à former un corps. — Et que tout corps soit divisible, c’est la théorie d’Aristote, exposée bien des fois dans la Physique. — Et susceptible de contacts. — Divisé… divisible, c’est l’acte et la puissance.