Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/419

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aussi se servent réciproquement de limites.

§ 18.[1] Mais si le Tout est éternel et infini, comment peut-il être Un, en étant corps ? Puis, s’il est, composé de parties dissemblables, alors Mélissus lui-même avoue que le Tout est plusieurs et multiple. En admettant que ce soit de l’eau, ou de la terre, ou tel autre élément quelconque, alors l’être a plusieurs parties, comme Zénon essaie aussi de démontrer que le Tout doit en avoir plusieurs, s’il est Un de la façon qu’on le prétend.

§ 19.[2] Du moment que ses parties sont plusieurs, il faut que les unes soient plus petites, les autres plus grandes, c’est-à-dire tout à fait diverses, même sans que la diversité vienne soit de l’adjonction, soit de la disparition de quelque corps. Mais si le Tout n’a ni corps, ni longueur, ni largeur, comment peut-il être infini ? Qui empêche alors qu’il ne soit tout ensemble et plusieurs et un numériquement ? Qui empêche même que, les choses étant ainsi multiples et plus d’une, elles ne soient d’une grandeur infinie ?

§ 20.[3] Xénophane prétend bien que la

    servent réciproquement de limites, voir plus haut, § 12.

  1. § 18. En étant corps, et ayant par conséquent des parties diverses. — Mélissus lui-même, le nom de Mélissus n’est pas exprimé dans le texte, qui n’a toujours qu’un pronom indéterminé. — Comme Zénon essaie aussi de démontrer, cette citation de Zénon, nous autorise à présumer que notre petit traité, devait exposer aussi sa doctrine d’une manière spéciale ; voir la Dissertation plus haut, page 201.
  2. § 19. Les unes soient plus petites, même sans la diversité de dimensions, il suffit qu’il y ait plusieurs parties pour qu’elles soient distinctes, fussent-elles d’ailleurs d’une égalité parfaite. — Soit de l’adjonction, il ne peut y avoir ni adjonction ni retranchement de quoi que ce soit, puisqu’il s’agit du Tout. — Multiples et plus d’une, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — D’une grandeur infinie, le texte dit précisément : « infinies en grandeur. »
  3. § 20. Xénophane prétend bien, cette opinion de Xénophane est