Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/468

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grandeur, ou un corps. Mais ce qui est dans une quelconque de ces conditions n’est plus un. En effet si l’être est une quantité, il sera divisé ; s’il est continu, on pourra le séparer ; si par la pensée on le suppose une grandeur, il ne sera plus indivisible. Si l’on va jusqu’à en faire un corps, alors il aura les trois dimensions ; en d’autres termes, il aura longueur, largeur et profondeur. Or il serait insoutenable de prétendre que l’être n’est absolument rien de tout cela. Donc l’être n’est pas un.

Je dis que l’être n’est pas multiple non plus ; car du moment qu’il n’est pas un, il ne peut pas davantage être plusieurs. En effet Plusieurs ne se compose que de la combinaison d’unités ; et dès qu’on supprime l’unité, on supprime la pluralité, du même coup.

Ainsi d’après tout ce qui précède, on voit bien clairement que l’être n’est pas plus que n’est le non-être ; et l’on peut en conclure que l’être n’est pas davantage tout à la fois l’être et le non-être. Si l’être en effet est ce qui est et ce qui n’est pas, alors le non-être se confond avec l’être quant à l’existence ; et dès lors, ni l’un ni l’autre n’existe. Que le non-être n’existe pas, c’est ce dont tout le monde convient ; mais on vient d’établir que l’être s’identifie avec le non-être. L’être n’est donc pas non plus. Mais si l’être est identique au non-être, il ne peut pas être les deux à la fois. S’il était les deux, il ne serait pas identique ; et s’il était identique, il ne serait pas les deux. Il s’ensuit que l’être n’est rien ; car s’il n’est ni l’être ni le non-être ni l’un et l’autre, comme il n’y a rien au-delà, c’est que l’être n’est rien.

Maintenant, il nous faut démontrer que, s’il y a quelque chose, ce quelque chose est inconnu à l’homme, et