Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/52

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homicide, n’avait pas voulu tuer l’enfant de ses propres mains, et il avait remis le soin du meurtre à un berger. Celui-ci, attendri par les supplications de sa femme, avait substitué son enfant mort en naissant à celui qu’on lui remettait ; et il avait fait croire à Harpagus que l’enfant royal avait péri. Plus tard la vérité avait été découverte ; Astyage l’avait apprise tout entière ; mais il avait dissimulé son courroux. Par un raffinement de barbarie abominable, il avait fait tuer un jeune fils d’Harpagus, et dans un repas solennel il avait servi au père les chairs de son enfant. Puis, il avait fait apporter, au milieu du festin, la tête et les mains de la victime cachées sous un voile dans une corbeille. Harpagus avait dû lui-même lever le voile ; et en présence de cet épouvantable spectacle, il avait conservé tout son sang-froid. A la question du féroce Astyage, il avait répondu qu’il reconnaissait bien la viande qu’il avait mangée, et qu’il avait qu’à louer tout ce que le roi avait daigné faire.

Cependant il avait médité une vengeance ; et pour renverser Astyage du trône, il avait secrètement suscité Cyrus à la rébellion. Le jeune prince n’avait pas ou de peine à soulever les Perses contre le joug odieux des Mèdes. Astyage, attaqué par son petit-fils, avait poussé l’aveuglement jusqu’à confier son armée à Harpagus, qu’il avait si affreusement outragé ; et