Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/81

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le monde par son intelligence, le sauva alors par son imperturbable énergie. Si les Perses avaient triomphé, que devenait la civilisation occidentale ? Que devenaient les destinées de l’Europe ? Dieu seul le sait ; mais Athènes mérite une éternelle reconnaissance. Marathon rendit possible les Thermopyles, Artémisium, Salamine, Platée, et Mycale, en face de Samos. La première condition pour vaincre les barbares était de ne pas les craindre. Voilà l’admirable exemple qu’avait donné l’Ionie, et qu’Athènes donnait à son tour, en présence d’un péril bien plus effrayant. Il y a vingt-deux siècles que la ville de Minerve nous a rachetés de la servitude asiatique. Nous qui connaissons aujourd’hui l’Asie en la civilisant, nous pouvons voir, mieux que les Grecs de Miltiade et de Thémistocle, de quel abîme ils nous ont tirés. Nous pouvons en jurer, comme Démosthène, par les héros morts à Marathon.

Mais c’est dans Hérodote qu’il faut lire ce grand et simple récit. Hérodote écrit à moins de trente ans de distance ; à Olympie, il parle à des hommes qui avaient pris part à la victoire, et aux événements dont lui-même aurait presque pu être un témoin oculaire. Je ne veux pas répéter le noble historien de tant de gloire ; mais j’ai encore à dire quelques mots sur l’Ionie, pour conduire les choses