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Page:Aristote - Traité de la génération des animaux - tome II.djvu/80

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en est que c’est par la faculté de la sensibilité que l’animal diffère de la plante et s’en distingue. Or, il est impossible que le visage, la main, la chair ou toute autre partie du corps existent sans que l’âme sensible ne soit dans toutes ces parties, ou en acte ou en puissance, sans qu’elle y soit ou jusqu’à une certaine mesure, ou d’une manière absolue. Autrement, le corps ne serait qu’un cadavre ou une partie de cadavre. Si donc le mâle est le créateur de l’âme sensitive, dans les espèces où la femelle et le mâle sont séparés, il est bien impossible que la femelle à elle seule produise un être animé ; car nous avons vu que c’était là la fonction propre du mâle. § 3[1]. Cependant, la question qu’on se pose ici n’est pas sans quelque raison, et on peut l’appuyer sur le fait de la production des œufs clairs que pondent les oiseaux ; ce fait prouve que jusqu’à un certain point la femelle peut engendrer à elle seule. Il est vrai qu’on doit se demander aussi comment on peut aller jusqu’à dire que ces œufs-là

  1. N’est pas sans quelque raison. Cependant, l’exemple des œufs clairs, que cite Aristote, prouve au contraire que cette opinion n’est pas soutenable. — Jusqu’à un certain point. La mesure où la femelle semble pouvoir engendrer à elle seule, est fort restreinte, puisque l’œuf ne produit rien. — Ces œufs-là sont vivants. En effet, ils ne le sont pas ; et l’impuissance de la femelle à pouvoir rien faire par elle seule est prouvée par là. — Les œufs féconds… des choses inertes. La distinction est ingénieusement présentée. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II §§ 6 et suiv., de ma traduction.