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Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/177

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LIVRE I, CH. VII, § 5.

§ 13. Si donc tout corps perceptible à nos sens[1] doit avoir ou la faculté d’agir, ou la faculté de souffrir, ou toutes les deux à la fois, il est impossible qu’un corps infini soit perceptible à nos sens. § 14. Mais tous les corps qui sont dans un lieu nous sont perceptibles[2]. Il n’y a donc pas de corps infini en dehors du ciel. Ceci même n’est pas vrai seulement avec cette restriction[3] ; il faut dire, absolument parlant, qu’il n’y a point de corps en dehors du ciel ; car en admettant même qu’il fût simplement concevable et intelligible[4], il serait encore[5] dans un lieu, puisque les expressions Dehors et Dedans[6] expriment un lieu. Ce corps sera donc sensible ; mais il n’y a pas

    Mais il y a, Dans l’expression du texte, une nuance qui peut lever cette apparente contradiction. L’infini ne peut jamais avoir accompli et terminé son mouvement ; on ne peut donc pas dire qu’il a été mis en mouvement, mais simplement qu’il est en mouvement ; si en effet, l’infini peut avoir un mouvement quelconque. Il sera démontré un peu plus bas, § 15, que l’infini ne peut pas se mouvoir.

  1. La conclusion régulière, ainsi que le remarque Simplicius, devrait être : « qu’un corps perceptible à nos sens soit infini. » Mais il est vrai qu’une des deux propositions peut se convertir en l’autre.
  2. Ou peuvent nous l’être.
  3. Ce n’est pas là le sens que donnent Simplicius et Alexandre d’Aphrodisée, dont Simplicius cite le témoignage ; ils comprennent tous deux que les expressions du texte signifient qu’il n’y a pas plus de corps fini en dehors du Ciel qu’il n’y a de corps infini. Après un examen attentif, je me suis décidé pour le sens que je propose, et qui, d’ailleurs, n’est pas en contradiction avec l’autre.
  4. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  5. Le texte n’est pas du tout aussi précis ; et j’ai dû, en quelque sorte, le paraphraser pour qu’il fût plus clair.
  6. Plus haut, il est dit qu’il n’y à pas de corps infini en dehors du Ciel. Mais il semble que l’argument n’est pas très-bon ; car, dans la Physique, livre IV, ch ; 2, § 4, t. II, p. 142 de ma traduction, Aristote lui-même reconnaît que les êtres mathématiques n’ont qu’une