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Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/179

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LIVRE I, CH. VII, § 5.

aura dès lors deux infinis[1], l’un qui meut, et l’autre qui est mu de cette façon. § 17. De plus, quel est le moteur[2] qui peut mettre l’infini en mouvement ? Si c’est l’infini qui se meut lui-même, il devient alors un être animé ; mais comment serait-il possible qu’il y eût un animal infini[3] ? Et si c’est quelqu’autre chose que lui-même qui meut l’infini[4], il y a dès lors deux infinis, l’un qui meut, l’autre qui est mu, différents de forme et de puissance[5].

§. 18. Mais si l’univers n’est pas continu[6] et fini, comme le disent Démocrite et Leucippe, les atomes sont séparés et déterminés entr’eux par le vide. La conséquence nécessaire de cette théorie, c’est qu’il n’y a plus qu’un seul et unique mouvement[7] pour tous les atomes sans exception ; car s’ils sont déterminés et dis-

  1. Ce qui est contradictoire.
  2. Il y a des manuscrits qui ne donnent pas à cette phrase une tournure interrogative ; il suffit d’un simple changement d’accent. Alors il faudrait traduire ainsi : « Le moteur qui met l’infini en mouvement est quelque chose. » Les deux versions reviennent à peu près au même ; mais celle que j’ai adoptée me semble préférable, bien qu’elle ne soit pas la plus ordinaire.
  3. Dans la Physique, livre III, ch. 7, §§ 1 et suiv., t. II, p. 100 de ma traduction, il a été démontré qu’il ne peut y avoir un corps sensible infini.
  4. Le texte est beaucoup moins développé ; mais le sens ne peut être douteux.
  5. Il faut remarquer ici l’emploi particulier de ce mot qui a d’ordinaire, dans la philosophie péripatéticienne, un tout autre sens.
  6. Les deux §§ qui vont suivre sont la réfutation du système atomistique de Démocrite et de Leucippe ; mais on ne voit pas très-nettement le lien de cette réfutation à ce qui précède. Elle est, d’ailleurs, en elle-même assez claire. Les atomes, l’expression du texte est tout à fait indéterminée ; mais j’ai pu la préciser, d’après le commentaire de Simplicius, s’appuyant sur celui d’Alexandre d’Aphrodisée.
  7. Attendu que, dans la théorie de Démocrite, tous les atomes sont d’une