Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/237

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commencement ni fin, durant toute l’éternité. C’est là une conviction certaine que l’on peut tirer, et de ce que nous avons dit ici, et des opinions mêmes de ceux qui soutiennent un système différent, et qui supposent que le ciel a été créé. En effet si les choses peuvent être telles que nous les expliquons, et si elles ne peuvent pas être de la manière que ces philosophes l’indiquent, ce serait déjà là une bien grande présomption en faveur de l’immortalité et de l’éternité du ciel. § 2[1]. Aussi est-il bon de se persuader que les traditions antiques, et surtout celles que nous avons reçues de nos pères, sont d’une incontestable vérité, quand elles nous apprennent qu’il y a quelque chose d’immortel et de divin, dans les choses qui ont le mouvement, mais qui l’ont de manière à ce que ce mouvement lui-même n’ait jamais de limite, et qu’il soit au contraire la limite de tout le reste. En effet, la limite est une de ces choses qui enve-

    la transformation successive du monde que sa création proprement dite. L’idée vraie de la création se retrouverait davantage dans le Timée de Platon. — Qu’il n’a ni commencement ni fin, ces théories sont assez d’accord avec celles du VIIIe livre de la Physique, bien que ces dernières s’appliquent surtout à l’éternité du mouvement ; mais l’éternité du mouvement suppose nécessairement l’éternité du monde. — De l’immortalité, c’est la traduction exacte de l’expression grecque.

  1. § 2. Celles que nous avons reçues de nos pères, cette pensée semble assez singulière dans la bouche d’Aristote ; mais il faut se rappeler qu’il a toujours tenu le plus grand compte des opinions communes, de même qu’il a toujours discuté les théories de ses prédécesseurs, avant d’exposer les siennes. — Quelque chose d’immortel et de divin, cette dernière idée ne se comprend pas bien ; et si Dieu est dans les choses, il les a précédées et il les a faites. Sur ce point essentiel, le système d’Aristote n’a pas toute la netteté désirable ; et il semble qu’ici il s’accommode au langage vulgaire, plutôt qu’il n’exprime des sentiments qui lui soient propres. — Ce mouvement lui-même n’ait jamais de limite, voir le VIIIe livre de la Physique, sur l’éternité du monde, qui comprend aussi son