Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/84

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capable de ces opérations de l’esprit. Mais c’est là une immense erreur, venue en grande partie de notre présomption. Il nous faut bien savoir que des peuples fort intelligents, et très civilisés à leur manière, n’ont jamais pu faire rien de pareil. On peut citer, par exemple, les Chinois et les Hindous, les nations les plus distinguées de l’extrême Asie ; on pourrait citer l’Asie tout entière, la plus ancienne de toutes les parties du monde ; la science n’a jamais pu s’y produire ; et quand elle s’y est montrée par hasard, ce n’a jamais été que par emprunt et par reflet, comme chez les Arabes et les Mongols. On peut donc affirmer, sans la moindre exagération, qu’il n’y a pas dans toute l’Asie, et à aucune époque de son passé, un seul fait qui ait été scientifiquement observé ; pas un seul phénomène de la nature qui ait été analysé, pour lui-même, avec quelqu’intérét ou quelqu’exactitude. L’astronomie trop vantée des Indiens, des Chinois, ou même des Chaldéens et des Égyptiens, n’a jamais été qu’une astrologie religieuse.

Rechercher les causes cachées d’un fait si extraordinaire, qu’on pourrait appeler une exception, si l’Asie ne formait pas à elle seule les deux tiers tout au moins de l’humanité, ce n’en est pas ici le lieu. L’état d’esprit de toutes ces races pourrait en fournir une explication, dont nous n’avons point à nous LXXIX