Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/187

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cumulées dont la science se glorifie ! Mais comment se peut-il que l’intelligence humaine, qui s’enivre si aisément de ses succès, ne voie pas qu’elle aussi n’est qu’une partie de la nature ? N’y-a-t-il plus au monde quelque chose d’intelligible ? Et l’intelligible ne suppose-t-il pas nécessairement l’intelligent ? Cet univers est-il une énigme sans mot ? Que devient la science, lorsque, fîère de comprendre quelques vains détails, elle refuse au tout, que ces détails composent, ce qu’elle accorde à d’infimes parties ? L’orgueil, d’un côté, ne compense pas la défaillance, de l’autre ; et c’est trop de se montrer tout à la fois si présomptueux et si inconséquent. Anaxagore, Socrate, Platon, Aristote, le judaïsme, la chrétienté, et, plus près de nous, Descartes, Linné, Buffon, Cuvier, se sont-ils donc trompés ? Notre jugement, ou plutôt le jugement de quelques savants de nos jours, l’emporte-t-il sur celui de ces puissants esprits, appuyé sur tant de génie, sur tant de réflexion et de sagesse, sur tant d’observations, confirmant de sublimes instincts, qui n’ont rien eu d’un aveugle enthousiasme ?