Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/186

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lieu ? Cet enchaînement de faits liés entre eux pour aboutir à une fin préconçue qui se réalise, n’est-ce plus là ce qui s’appelle de l’intelligence ? Ce qu’on dit de la reproduction et de la nutrition ne peut-on pas l’appliquer non moins justement à tout le jeu de l’organisation animale ? Le rôle des os, des muscles, des tendons, des ligaments, des nerfs, des vaisseaux, des viscères de tout ordre, n’est-il donc pas aussi évident ? La solidité des unes, la flexibilité des autres, la circulation des fluides, les absorptions, les sécrétions, n’ont-elles plus d’objet ? Le suprême honneur de l’esprit de l’homme ne consiste-t-il pas à démonter tous ces rouages délicats, pour y surprendre, pièce à pièce, les mystérieux desseins d’une pensée intelligente, devant laquelle la nôtre se sent comme anéantie ? Le bon sens ne s’écrie-t-il plus avec Voltaire :

« L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer

« Que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger ? »

On a vraiment quelque honte de tant insister sur des vérités si simples ; et cela, à la fin de notre XIXe siècle, au milieu des découvertes ac-