Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/241

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parle d’un sujet l’expose bien, ou s’il l’expose mal. C’est même à ce signe que nous reconnaissons l’homme instruit ; et c’est là ce qui nous fait penser de quelqu’un qu’il a été généralement bien élevé, l’instruction consistant surtout à pouvoir faire une distinction de ce genre. La seule différence qui reste alors entre ces deux personnes, c’est que l’une, bien qu’elle ne soit toujours qu’un seul et même individu, numériquement parlant, nous semble capable de prononcer sur toutes choses, tandis que l’autre ne nous paraît compétente que sur une matière définie et limitée ; ce qui n’empêche pas que cet autre individu ne puisse, tout en s’occupant d’un objet particulier, avoir aussi l’instruction dont on vient de parler.

§ 3[1]. De ces considérations, il résulte évidemment que, pour l’histoire de la nature, il est bon de poser également certains principes supérieurs, auxquels on devra se reporter pour juger de la forme adoptée dans l’exposition qu’on en fait, indépendamment de la question de savoir si c’est bien la vérité, et si la chose est réellement de telle façon ou de telle autre.

  1. Si c’est bien la vérité. C’est la question de fond, à côté de la question de forme. — De telle façon ou de telle autre, l’expression peut paraître un peu De telle façon ou de telle autre. Ceci est spécialement le devoir du naturaliste. — Par exemple. En effet la question posée ici par Aristote est fort claire et peut servir d’exemple. — Chaque être substantiel. Le texte dit : « Chaque substance ». — Absolument qu’en lui-même. Sans tenir compte de ce que cet être peut avoir de commun avec les êtres dont l’organisation est semblable à la sienne, ou du moins est très-voisine de la sienne. — En une exposition commune. C’est à cette méthode que se sont arrêtés tous les grands naturalistes, Cuvier tout le premier, comme on peut le voir dans son Anatomie comparée. Il se décide pour l’exposition générale et commune des organes et de leurs fonctions, étudiant successivement les organes du mouvement, os et muscles, les nerfs, les sens, la digestion, la circulation, la respiration, la voix, et enfin la génération. On peut dire, sans rien exagérer, que l’ordre suivi par Cuvier et par tant d’autres est l’ordre même que traçait Aristote deux mille deux cents ans avant lui. Cuvier n’a pas consulté le naturaliste grec sans doute ; mais en face de la réalité, il a résolu le problème agrandi, comme Aristote le résolvait dans des limites plus étroites.