Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/255

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le corps, les narines se sont formées par rupture ; ils en concluent que l’air et l’eau sont la matière de tous les corps sans exception ; car c’est de corps ainsi formés que tous ces philosophes entendent composer la nature entière.

§ 20[1]. Mais si l’homme et les animaux existent dans la nature, les parties dont ils sont formés n’existent pas moins ; et dès lors, il convient de parler de la chair, des os, du sang et de toutes les parties similaires. Il faut également parler des parties qui ne sont pas similaires, telles que le visage, la main, le pied, et expliquer ce que sont chacune de ces parties en elles-mêmes et la fonction que remplit chacune d’elles. Il ne suffirait pas de nous dire de quels éléments ces parties sont formées, et si, par exemple, elles sont formées de feu ou de terre ; car en supposant que nous ayons à parler d’un lit ou de tel autre meuble semblable, nous nous attacherions à en définir l’idée

  1. Les parties similaires. Voir sur cette expression l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. I, § 1. — Qui ne sont pas similaires. Id., ibid. — De quels éléments. Purement matériels ; s’en tenir à cette combinaison des éléments, ce serait ne rien expliquer, pas plus que de nos jours on n’expliquerait ce que sont les animaux, chacun en particulier, si l’on se bornait à énumérer les éléments chimiques dont ils sont composés. — De feu ou de terre. L’analyse nécessairement imparfaite des Anciens n’allait pas plus loin que ces distinctions superficielles. — L’idée et la forme. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte ; mais il a les deux sens. — Bien plutôt que la matière. La pensée est fort juste ; et la manière dont elle est exprimée est d’une clarté parfaite. — Du tout et de l’ensemble. Il n’y a encore ici qu’un seul mot dans le grec. On pourrait définir le lit en joignant à l’indication de son idée celle de la matière dont il est fait ; mais cette seconde indication n’est pas du tout nécessaire ; car le lit est toujours un lit, qu’il soit en bois, en airain, ou même en pierre. — Le lit est essentiellement. C’est à cela que doit se borner en effet la définition du lit lui-même. — Dans telle chose. Ou peut-être aussi : « Dans telle matière ». — Sa forme… la figure idéale. J’ai dû ajouter cet adjectif pour rendre toute la force du texte. Cuvier, Règne animal, t. I, p. 11, éd. de 1829, établit aussi que dans le corps vivant la forme est plus essentielle que la matière. Voir plus loin, § 37.