Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/254

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tenus à la cause matérielle ; ils ont recherché ce que cette cause est en elle-même, quelles qualités elle a, comment l’univers entier en est sorti, et ils ont recherché ensuite quel en a été le principe moteur. Ils ont supposé que c’est la Discorde, par exemple, ou l’Amour, ou l’Intelligence, ou le Hasard. Mais ils admettaient toujours que cette matière, fond de tout le reste, a, de toute nécessité, telle ou telle nature définie : par exemple, la nature chaude du feu, ou la nature froide de la terre, légère avec l’un, pesante avec l’autre. § 19[1]. Du moment que ces philosophes forment de cette façon le monde lui-même, ils expliquent semblablement la production des animaux et la production des plantes. Ainsi, ils prétendent que l’eau, venant à couler dans le corps, il s’y est produit une cavité destinée à être le réceptacle commun de la nourriture et des excrétions ; que le souffle traversant

  1. . Ces philosophes. Il est regrettable que ces philosophes ne soient pas ici désignés plus précisément. — Le monde lui-même. Dans cette théorie, la matière des êtres animés est la même que celle de l’univers. C’est la combinaison des quatre éléments qui forme tout ce qui est. — La production des animaux et des plantes. La chimie contemporaine retrouve à peu près les mêmes éléments, ou plutôt les mêmes corps simples, dans l’organisation des animaux et des plantes. Il n’y a que les rapports qui varient entre le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et l’azote et quelques autres corps simples analogues. — L’eau, venant à couler. Ces théories nous semblent sans doute bien grossières ; mais une partie de la science de nos jours y revient ; et elle s’efforce de prouver que la vie est née du concours fortuit de molécules chimiques, agissant mécaniquement les unes sur les autres. — L’air et l’eau… Ce sont les deux systèmes de Diogène d’Apollonie, d’Anaximène, et de Thalès ; voir la Métaphysique, liv. I, ch. III, §§ 14 et 17 de ma traduction.