Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/298

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qu’on soit réellement philosophe. Quelle contradiction et quelle folie ne serait-ce donc pas de se complaire à regarder de simples copies de ces êtres, en admirant l’art ingénieux qui les produit, en peinture ou en sculpture, et de ne point se passionner encore plus vivement pour la réalité de ces êtres que crée la nature, et dont il nous est donné de pouvoir comprendre le but !

§ 5[1]. Aussi, ce serait une vraie puérilité que de reculer devant l’étude des êtres les plus infimes. Car dans toutes les œuvres de la nature, il y a toujours place pour l’admiration, et l’on peut leur appliquer à toutes sans exception le mot qu’on prête à Héraclite, répondant aux étrangers qui étaient venus pour le voir et s’entretenir avec lui. Comme en l’abordant, ils le trouvèrent qui se chauffait au feu de la cuisine : « Entrez sans crainte, entrez toujours, » leur dit le philosophe, « les Dieux sont ici comme partout. » § 6[2]. De même, dans l’étude des animaux, quels qu’ils

  1. Le mot qu’on prête à Héraclite. Le mot qu’Aristote nous a conservé est superbe, et l’application en est d’une justesse parfaite. Sur Héraclite, voir M. Zeller, Philosophie des Grecs, tome 1, pp. 550 et suiv. 3e édit., et trad. franç., tome II, pp. 149 et suiv. L’empreinte divine est et se retrouve dans la nature entière, et elle éclate dans les moindres détails. La nature, comme Aristote l’a dit, est quelque chose de divin. C’est le « Coeli enarrant » du Psalmiste ; c’est même le mot du malheureux Vanini devant ses bourreaux.
  2. . Il n’y a jamais de hasard. C’est un principe qu’Aristote a formulé le premier, et qui inspire toute sa science zoologique. La science contemporaine ferait bien d’imiter le philosophe grec, dans la mesure où ces idées générales peuvent intervenir et être utiles. — Où le caractère de cause finale. Le texte n’est pas aussi développé. Sa beauté et sa perfection. Ceci est incontestable ; mais c’est revenir, en partie et sous une autre forme, à la théorie des Idées Platoniciennes, qu’Aristote a toujours combattue, et qu’il approuve ici sans peut-être s’en apercevoir.