Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/331

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vue différent, ce sera une autre chose qui le sera. Il y a même de ces objets dont on ne saurait dire d’une manière absolue, ni qu’ils sont chauds, ni qu’ils ne le sont pas. Tel objet, quand il est seul, et qu’il est ce qu’il est, n’est pas chaud ; réuni à un second, il devient chaud. C’est ainsi qu’on peut appliquer le nom de chaud soit à l’eau, soit au fer ; et c’est de cette façon que le sang est chaud.

§ 18[1]. On peut voir encore, par tous ces exemples, que le froid est bien une nature d’une certaine espèce, et non pas une simple privation, toutes les fois que l’on considère un objet qui ne devient chaud que par une modification qu’il subit. La nature du feu, pour prendre cet exemple, montre bien sur-le-champ ce qu’elle est. Supposons que l’objet à considérer soit de la fumée ou un charbon. L’un des deux est toujours chaud, puisque la fumée est une évaporation du feu ; mais l’autre, le charbon, une fois éteint, devient froid. L’huile et la poix aussi le deviennent également. § 19[2]. Presque toutes les matières brûlées par le feu ont

  1. . Est bien une nature d’une certaine espèce. Le fait est incontestable ; et grâce au thermomètre, le froid commence pour nous à zéro, de même que la chaleur commence au-dessus. Chez les Anciens, la limite n’était pas aussi facile à déterminer. — De la fumée ou un charbon. La fumée est chaude par nature comme le feu, tandis que le charbon ne devient chaud que comme le deviennent le fer et l’eau, cités plus haut. — L’huile et la poix. Exemples analogues. Ces deux matières ne deviennent chaudes qu’à la façon de l’eau par le contact du feu. De plus, la poix se liquéfie sous l’action de la chaleur.
  2. La poussière et la cendre. La cendre vient du feu sans doute ; mais elle se refroidit tout aussi bien que l’eau, et elle n’a pas de chaleur par elle-même ; la poussière en a encore moins. — Les déjections des animaux… Il semble, d’après ce passage, qu’Aristote a pressenti la grande théorie moderne qui, dans la respiration et l’entretien de la vie, voit une combustion, qu’alimente sans cesse l’oxygène tiré de l’air extérieur. Cuvier, Anatomie comparée, leçon XXIVe, pp. 172 et suiv., Ire édit. et XXVe leçon, pp. 296 et suiv. — Et qu’il leur en est resté quelque chose. Le texte n’est pas plus précis. — La poix et les graisses… Qui se liquéfient d’abord par l’action du feu, et qui ensuite deviennent brûlantes, comme l’eau bouillante. — La chaleur coagule et dessèche. Cette action de la chaleur varie avec les divers objets auxquels elle s’applique ; et selon ce qu’ils sont par eux-mêmes. — Aqueuses… terreuses. Il faut se rappeler que, pour les Anciens et spécialement dans les théories d’Aristote, il n’y a que quatre éléments, à l’aide desquels on essaie d’expliquer la composition de tous les corps, vivants ou bruts. Aujourd’hui, les éléments ou corps simples de notre chimie sont infiniment plus nombreux et surtout plus réels, parce que l’analyse a été poussée beaucoup plus loin.