Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/336

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on l’a fait plus haut pour les corps chauds et les corps froids.

§ 4[1]. Ces points une fois fixés, il est clair que le sang n’est chaud que dans le sens où l’est aussi ce qui le fait être du sang. En effet, il en est de même pour le sang que quand nous exprimons d’un seul et unique mot ce qu’est l’eau bouillante ; l’objet quel qu’il soit qui devient du sang, n’est pas davantage chaud par lui-même ; et si, d’une part, il est chaud réellement, d’autre part, il ne l’est pas. La chaleur ne sera comprise dans la définition du sang que dans la mesure où la blancheur est comprise dans la définition de l’homme blanc. En tant que le sang peut être affecté d’une certaine façon, il est chaud ; mais il n’est pas chaud en soi et essentiellement. § 5[2]. Nous en pouvons dire autant du sec et de l’humide. Aussi en ce qui

  1. . Ces points une fois fixés. La discussion, après ces théories préliminaires, en revient au sang, dont il faut expliquer la chaleur. L’explication donnée ici n’est pas bonne sans doute ; mais c’était déjà beaucoup que d’essayer de la donner. — Ce qui le fait être du sang. Ou bien « L’élément quelconque qui devient du sang ». Quant à la question même de la chaleur communiquée au sang, il aurait fallu, pour la résoudre, connaître la circulation pulmonaire, et l’action spéciale de l’air introduit par les bronches dans le poumon. Cette belle découverte était réservée à Harvey et au XVIIe siècle. — Dans la définition de l’homme blanc. C’est-à-dire, d’une manière tout à fait accidentelle. L’exemple d’ailleurs peut sembler assez étrange et assez obscur. — Il n’est pas chaud en soi. C’est la conclusion de cette discussion, qui aurait pu être plus concise.
  2. Nous en pouvons dire autant du sec et de l’humide. C’est-à-dire qu’il y a des corps qui sont essentiellement secs ou humides, et qu’il y en a d’autres qui ne le sont qu’accidentellement. — Lorsqu’ils sont isolés. C’est-à-dire, quand ils sont dans leur état naturel, et qu’ils n’ont pas subi une action extérieure, comme celle du feu. — Comme le sang… comme la bile. Entre le sang et la bile, il n’y a pas cette différence de température qu’Aristote croit y voir. — Ils se refroidissent et se liquéfient. Ils redeviennent ce qu’ils sont par nature, froids et liquides. — Plus sec. Le sang finit par se dessécher complètement, par suite de l’action de l’air, à laquelle on l’expose. — La bile jaune… Par cette épithète donnée à la bile, Aristote semblerait en distinguer plusieurs espèces ; ce qui ne serait pas exact. Voir Cuvier, Anatomie comparée, tome IV, pp. 35 et suiv., Ire édit. 6. A peu près tout ce qu’on peut dire. On peut trouver que ce que dit ici Aristote n’est pas suffisant pour expliquer la nature du sang ; mais il ne faut pas perdre de vue que la science en est à ses premiers pas. — Participer des qualités contraires. En ce sens qu’il peut être tantôt froid et tantôt chaud. Mais le sang, considéré dans son état naturel, qui est de circuler dans les artères et les veines, est essentiellement chaud, puisque dans le corps humain, il est toujours à plus de 35°, au-dessus de zéro.