Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toutes. § 3[1]. Le cerveau n’est pas une excrétion, et il n’est pas un de ces organes qui sont continus à d’autres ; mais il est d’une nature qui n’est qu’à lui, et on comprend bien qu’il en soit ainsi. Il suffit du plus simple coup d’œil pour voir qu’il n’a point la moindre connexité avec les parties qui servent à sentir ; et il n’est pas moins évident que, quand on le touche, il ne sent rien, non plus que ne sentent, ni le sang, ni les excrétions quelconques des animaux. Mais dans l’animal il est chargé de conserver tout ce que l’animal est par sa nature entière. § 4[2]. Il y a des philosophes qui prennent l’âme de l’animal pour du feu ou pour telle

  1. N’est pas une excrétion. Il semble que ceci est d’une évidence telle qu’il n’y avait aucun besoin de le dire. — Continus. Ou Contigus. Mais de quelque façon qu’on traduise, ceci n’est pas très-exact, puisque l’encéphale tient à la moelle allongée et à la moelle épinière. — Il est d’une nature qui n’est qu’à lui. Ceci est plus exact. — Avec les parties qui servent à sentir. Ceci encore n’est pas exact, et il semble que bien des passages dans le Traité de l’Ame et dans les différents ouvrages d’histoire naturelle, supposent tout le contraire. Le moindre coup d’œil, comme le dit l’auteur, pouvait montrer que la vue, l’ouïe, l’odorat doivent avoir des rapports avec l’encéphale, puisque les « conduits » de ces divers sens pénètrent dans la tête et dans l’encéphale. — Il ne sent rien. Au contraire, c’est lui seul qui sent tout ; mais Aristote ne pouvait pas connaître le véritable rôle des nerfs. Pour le cerveau, voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. XIV, p. 2. p. 293 de ma traduction, où la même chose est dite du sang et des excrétions des intestins. — De conserver tout ce que l’animal… Ceci semble un peu contredire ce qui vient d’être dit. La contradiction semble encore plus forte dans le paragraphe qui suit. § 4. Il y a des philosophes. Il eût été à propos de les nommer. — L’âme de l’animal pour du feu. Ceci pourrait se rapporter à l’école d’Héraclite, qui donnait tant d’importance à l’élément du feu. Voir le Traité de l’Ame, liv. I, ch. V, § 18, p. 156 de ma traduction, et aussi, liv. III, ch. 1er, § 3, p. 256, où est discuté le rapport de l’âme aux éléments. — Dans un corps pareil au cerveau. C’est là en effet l’opinion la plus naturelle et la plus probable, parce que c’est au cerveau que semblent aboutir tous les sens, et toutes les facultés qui constituent l’âme dans ses parties les plus élevées. — La chaleur est, de tous les corps… L’argument n’est pas très-fort ; et si la chaleur est indispensable à l’âme, elle a moins besoin du cerveau que de tout autre organe, puisque dans les théories d’Aristote, le cerveau est essentiellement froid. — De nourrir et de mouvoir l’animal. Ce sont bien là des facultés qu’Aristote prête toujours à l’âme ; mais c’est surtout la sensibilité qui distingue et fait l’animal ; et c’est l’âme qui le rend sensible. — Supposer que l’âme est du feu. Ainsi, selon Aristote, l’âme se servirait du feu et de la chaleur ; mais elle ne serait elle-même ni chaleur ni feu. Il ne faut pas plus confondre l’âme avec le feu dont elle se sert qu’on ne doit confondre l’ouvrier et son outil.
  2. .— Qui ne viennent que plus tard. Par exemple la semence et le lait, que l’animal n’apporte pas dès sa naissance, comme il apporte le sang, et qui ne sont produits que postérieurement, quand l’organisation est complète. — L’examen et la théorie des Aliments. Il est bien probable que c’est là le titre de quelque ouvrage sur la nutrition ; est possible aussi que ce soit une simple indication générale de cette question souvent discutée dans d’autres ouvrages, comme le traité de la Génération. — Au sperme et au lait. Voir le Traité de la Génération, liv. I, ch. X et suiv., liv. II, ch. III, et passim.