Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/365

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tempère et domine la chaleur et le bouillonnement qui sont dans le cœur. § 7[1]. Pour que cet organe n’eût aussi qu’une chaleur moyenne, les veines secondaires parties de chacune des deux veines, c’est-à-dire la grande veine et celle qu’on appelle l’aorte, se terminent à la méninge qui enveloppe le cerveau ; et de peur que la chaleur ne vînt à nuire, au lieu de grosses veines en petit nombre, ce sont des veines nombreuses et très-fines qui l’entourent ; au lieu d’un sang abondant et épais, c’est un sang léger et pur. § 8[2]. Aussi, les fluxions qui ont lieu dans les corps partent-elles originairement de la tête, toutes les fois que les parties qui environnent le cerveau sont plus froides que ne l’exigerait la température convenable.

  1. . Pour que cet organe… Ici encore on peut trouver la trace des théories platoniciennes, telles qu’elles sont exposées dans le Timée, pp. 213 et suiv. traduction de M. Victor Cousin. — À la méninge… Dans l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. XIII, § 3, Aristote reconnaît deux méninges, ou membranes du cerveau. Une anatomie plus attentive reconnaît aujourd’hui trois membranes au lieu de deux. — De peur que la chaleur ne vînt à nuire. Cette explication est la conséquence des précédentes ; mais si elle est fausse, elle peut du moins paraître ingénieuse. — Un sang léger et pur. Il ne semble pas que le sang qui se rend au cerveau ait des qualités particulières.
  2. Aussi, les fluxions. Cette théorie pourrait bien venir d’Hippocrate, qui plaçait dans la tête l’origine de nombreuses fluxions ; voir le Traité des Lieux dans l’homme, t. VI, p. 294, édit. et traduction Littré. Les fluxions de la tête, ou plutôt du nez, des oreilles et des yeux sont les plus apparentes de toutes ; et voilà comment elles ont du être observées les premières. — La nourriture venant à s’évaporer. Cette singulière physiologie peut nous étonner aujourd’hui ; elle était fort avancée au temps d’Aristote. — La force particulière à cette région du corps. Voir plus haut, § 2. — Les flux du phlegme et de la lymphe. Par ces mots, les Anciens n’entendaient pas précisément ce que les Modernes peuvent entendre. La nature de la lymphe proprement dite n’a été connue que depuis la découverte des vaisseaux lymphatiques. — Comme de la production de la pluie. La théorie de la froideur du cerveau étant donnée, la comparaison doit paraître ingénieuse, si, comme le dit Aristote, on peut comparer une petite chose à une grande. — La chaleur qui sort… Cette théorie de la pluie est très-exacte, et l’on peut s’en étonner quand on songe à l’époque où Aristote la conçoit. Voir la Météorologie, liv. I, ch. II, §§ 1 et suiv., p. 61 de ma traduction.