Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/364

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animaux, ce qui le prouve, c’est que toutes les choses ont besoin d’un contrepoids contraire pour arriver à la juste mesure et au milieu, qui seuls donnent l’essence et le rapport vrai des choses, tandis qu’aucun des deux extrêmes pris à part ne les peut donner. De là vient que, vers la région du cœur et pour compenser la chaleur qui s’y trouve, la nature a organisé le cerveau ; c’est pour atteindre ce résultat que cette partie existe dans les animaux et qu’elle y présente la double et commune nature de l’eau et de la terre. § 6[1]. C’est là aussi ce qui fait que tous les animaux qui ont du sang ont un cerveau, tandis qu’aucun autre animal, pour ainsi dire, n’en a un, à moins que ce ne soit une simple analogie, comme dans le polype. Tous ces animaux ont peu de chaleur précisément à cause qu’ils n’ont pas de sang. Le cerveau

  1. Tous les animaux qui ont du sang ont un cerveau. L’observation ici est exacte, surtout quand on se rappelle que la classe des animaux qui ont du sang est très-limitée dans la zoologie d’Aristote ; il est clair qu’il a surtout en vue les animaux vertébrés. — Comme dans le polype. L’expression est bien générale ; mais appliquée aux mollusques, il est certain que leur cerveau n’est qu’une masse médullaire, un peu plus grosse que d’autres masses analogues dispersées, en différents points du corps. Ce prétendu cerveau est situé en travers de l’œsophage, qu’il enveloppe d’un collier nerveux ; voir Cuvier, Règne animal, tome III, p. 2, édition de 1830. Il est bien remarquable qu’Aristote ait déjà vu qu’on pouvait assimiler cet organe à un cerveau. — Le cerveau domine et tempère… Ce n’est pas là du tout la fonction du cerveau. Il semble que la fonction supérieure du cerveau, c’est d’être le centre de la sensibilité et l’organe de la pensée et de l’instinct, chez l’homme et chez les animaux.