Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/372

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CHAPITRE VIII

De la chair ; de son rôle essentiel comme siège du toucher, le premier des sens ; importance du toucher ; tous les autres sens sont faits en vue de celui-là ; organisation diverse des animaux ; rôle des os et des parties correspondantes ; les crustacés et les testacés ; organisation toute contraire des insectes et des mollusques ; leur constitution spéciale ; les seiches, les teuthides, les polypes ; organisation toute particulière des insectes ; ils n’ont pas d’os ; c’est leur corps entier qui est dur.

§ 1[1]. Il faut étudier maintenant les autres parties similaires, et d’abord la chair, dans les animaux qui ont des chairs, ou la partie correspondante dans ceux qui n’en ont pas. La chair est essentiellement le principe et le corps des animaux. C’est ce qu’on peut voir, ne serait-ce que d’après la plus simple définition. En effet, nous définissons l’animal en disant qu’il est un être doué de sensibilité. § 2[2]. Le sens qu’a premièrement l’animal, c’est le premier des sens, c’est-à-dire, le toucher. L’organe du toucher est dans

  1. Les autres parties similaires, Voir plus haut, ch. I et ch. II, § 1. Les parties similaires comprennent, entre autres ihaticres, le sang, les libres, la moelle, dont il a été question plus haut. La chair est une des parties similaires les plus importantes. — Dans ceux qui n’en ont pas. Notamment les insectes. — Un être doué de sensibilité. C’est là une des théories les plus solides d’Aristote. La sensibilité distingue essentiellement l’animal de la plante ; voir le Traité de l’Ame, liv. II, ch. II, § 4, p. 174 de ma traduction.
  2. Le toucher. Aristote a bien des fois rappelé ce grand principe, que la zoologie moderne a pleinement adopté. Cuvier, Règne animal, tome I, p. 30, édit. de 1829, met la sensibilité au premier rang des fonctions animales ; et il fait du toucher le sens le plus général. Le goût et l’odorat ne sont, suivant lui, que des touchers plus délicats. Le toucher ne manque jamais chez les animaux. — La pupille est la première partie de la vision. Voir sur la théorie de la vision, résumée ici. le Traité de l’Ame, liv. II, ch. VII, pp. 208 et suiv. de ma traduction. — Tout le diaphane. Pour le diaphane, voir le Traité de l’Ame, id. ibid., § 2 et suiv. — N’était-il pas indispensable à la nature… En effet, il y a des animaux qui n’ont qu’un seul sens, qui est toujours le toucher, et d’autres qui n’en ont que quelques-uns. — Corporel. J’ai conservé la formule du texte, quoique l’expression ne soit pas très-claire. Le toucher est sans doute plus matériel que la vue, puisqu’il y a l’impression des objets eux-mêmes d’une part, et que d’autre part il n’y a que leur image ; mais, pour le goût, il y a également le contact matériel, tout aussi bien que pour le toucher. L’odorat et l’ouïe sont, avec la vue, les moins matériels des sens, ou, comme dit Aristote, les moins corporels.