Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/397

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fardeau ne peut être bien droit ; et si la tête était charnue, cette partie ne pourrait se redresser. Ce qui montre bien encore que ce n’est pas en vue de la sensibilité du cerveau que la tête est dénuée de chair, c’est que le derrière n’a pas de cerveau, et que cette partie est sans chair également. § 10[1]. La raison comprend très-bien aussi que, chez quelques espèces d’animaux, l’ouïe soit placée dans la région de la tête. En effet, ce qu’on appelle le vide est rempli d’air ; et nous disons que le sens de l’ouïe dépend de l’air. Les conduits qui partent des yeux vont aboutir aux veines qui environnent l’encéphale. De même, le canal qui part des oreilles aboutit également au derrière de la tête. Aucun organe privé de sang n’est sensible, pas plus que ne l’est le sang lui-même ; mais ce qui est sensible, c’est une des matières qui en viennent, et c’est

  1. L’ouïe. Il y a peut-être ici quelque désordre dans le texte, puisqu’il a été déjà question de l’ouïe, plus haut § 7. Pour la théorie de l’ouïe, voir le Traité de l’Ame, livre II, ch. 8, § 5, p. 219 de ma traduction, où l’explication est la même qu’ici. — Le vide. Ce n’est pas le vide absolu, comme l’entend la science moderne ; les Anciens ne connaissaient pas ce vide ; et, pour eux, le vide n’était guère autre chose que l’air. — Les conduits qui partent des yeux. Nous dirions : Les nerfs optiques. — Le canal qui part des oreilles. C’est-à-dire le conduit auditif. Sur les rapports de la vue et de l’ouïe, voir Cuvier, Anatomie comparée, XIIe et XIIIe leçons, tome II, pp. 364 et 446, et sur le méat auditif, p. 511. — Une des matières qui en viennent. Et par exemple, la chair, que le sang contribue à former. — Il n’est pas une partie des animaux. Ceci est en contradiction avec toutes les théories d’Aristote sur le sang, et M. le docteur de Frantzius soupçonne avec raison que ce passage doit être altéré ; mais les manuscrits ne fournissent rien pour le corriger.