Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/420

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Sa longueur aurait empêché que l’animal pût prendre sa nourriture qui est au dehors, comme on dit que les cornes gênent certains bœufs qui sont obligés de paître à reculons, et qui, à ce qu’on assure, ne peuvent manger qu’en reculant pas à pas. § 5[1]. La trompe de l’éléphant étant ce qu’elle est, la nature, selon son habitude, emploie ici les mêmes organes à plusieurs fonctions, et la trompe supplée au service des pieds de devant. Les quadrupèdes polydactyles ont les pieds de devant à la place des mains, et ils ne les ont pas seulement pour supporter le poids de leur corps. Les éléphants sont polydactyles et n’ont, ni pieds fendus en deux, ni pieds à sole unique. Mais

  1. . Selon son habitude. Cette remarque est très-vraie ; et dans bien des cas, la nature emploie un même organe à plusieurs fins ; mais cependant elle fait en général le contraire, et elle n’emploie un organe qu’à une seule et unique fonction. Aristote l’en loue formellement dans la Politique, liv. I, ch. I, p. 4 de ma traduction, 3e édit. Il y a donc ici une contradiction formelle entre les opinions diverses d’Aristote ; mais ce défaut est bien rare chez lui. — Au service des pieds de devant. Qui pour beaucoup d’animaux, par exemple les carnassiers, leur servent à saisir et à déchirer leur proie. — À la place des mains. Ceci ne veut pas dire que ces pieds puissent absolument remplacer les mains, qui n’ont été données qu’à l’homme dans toute leur perfection, et en partie aux quadrumanes. — Les éléphants sont polydactyles. Voir Buffon, loc. cit., p. 328 et surtout p. 335. L’éléphant a cinq doigts recouverts par la peau et non apparents ; il a généralement aussi cinq ongles. Sa plante du pied est une semelle de cuir aussi dure que la corne et qui déborde tout autour. — Que pour le soutenir. C’est parfaitement exact. — La lenteur de leur marche. Le pas de l’éléphant n’est pas plus rapide que celui du cheval ; mais comme les jambes sont fort longues quoique massives, le pas se trouve proportionnellement beaucoup plus grand. — Leur inaptitude naturelle à fléchir… Ceci est fort exact ; et Buffon, en parlant des jambes de l’éléphant, dit qu’elles ressemblent moins à des jambes qu’à des piliers, ou des colonnes massives, de quinze à dix-huit pouces de diamètre, et de cinq ou six pieds de hauteur ; loc. cit.. p. 338. On conçoit que de pareils membres ne peuvent pas être très-flexibles.