Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/428

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fonctions. D’abord, elle doit percevoir les saveurs, puisque l’homme est de tous les êtres celui qui les perçoit le mieux ; et que, si sa langue est molle, c’est pour qu’elle puisse le mieux possible toucher les choses, le goût n’étant qu’une sorte de toucher. En second lieu, la langue doit servir à l’articulation des lettres ; et il fallait pour le langage qu’elle fût molle et large. § 3[1]. C’est surtout en étant telle qu’elle est et en étant mobile, qu’elle pouvait le mieux émettre des sons de tout genre et les combiner de toute manière. On le voit bien clairement chez les personnes qui n’ont pas la langue assez détachée ni assez libre ; elles bégaient et elles bredouillent, parce qu’il leur manque de pouvoir, former certaines lettres. En même temps que la langue est large, elle peut aussi se rétrécir ; car le petit peut se trouver dans le grand, tandis que le grand ne peut pas se trouver dans le petit. § 4[2]. C’est là ce qui fait que, parmi les oiseaux, ceux qui peuvent

  1. . Et en étant mobile. La mobilité était en effet une condition indispensable pour l’accomplissement de la fonction. Sans cette mobilité, ni la parole, ni la déglutition n’eussent été possibles. — On le voit clairement… Observation très-exacte et fort ingénieuse. Peut aussi se rétrécir. Cette observation est également très-juste. — Car le petit peut se trouver dans le grand. C’est la traduction fidèle du texte ; mais la pensée aurait pu être présentée sous une forme plus précise et plus spéciale.
  2. . Ceux qui ont la langue la plus large. Ceci fait sans doute allusion à la langue du perroquet, qui est très-épaisse, charnue et arrondie en devant ; voir Cuvier, Anatomie comparée, XVe leçon, p. 691, 1re édit. La langue des canards est aplatie, large et charnue. — Est dure, peu détachée et épaisse. Ceci n’est pas très-exact pour l’ordre entier des mammifères ; voir au chapitre précédent, § 12. — Une forte voix. Voir Cuvier, Anatomie comparée, XXVIIIe leçon, p. 450, 1re édition ; le grand naturaliste français a commencé ses études sur la voix des animaux, par celle des oiseaux comme la plus simple, et une des plus merveilleuses. Aussi, s’est-il appliqué à l’analyser avec le plus grand soin. La voix des oiseaux est un instrument à vent pur et simple, dans le genre des cors et des trompettes, id. ibid. p. 463 et 491.