Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/431

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car ceux même qui passent vulgairement pour ne pas l’avoir, par exemple quelques poissons, l’ont cependant dans une certaine mesure incomplète, à peu près comme l’ont aussi les crocodiles de rivières.

§ 8[1]. Ce qui fait croire que la plupart des poissons ne possèdent pas ce sens spécial, c’est une très-bonne raison ; car dans tous ces animaux, l’endroit de la bouche a quelque chose de la nature de l’arête ; et comme les animaux aquatiques ne peuvent jamais percevoir les saveurs que très-peu d’instants, il en résulte que, de même que chez eux l’usage de ce sens

  1. Ne possèdent pas ce sens spécial. Ainsi, Aristote n’attribue qu’une seule fonction à la langue chez les poissons ; selon lui, cet organe ne sert absolument qu’à la perception des saveurs. — De la nature de l’arête. Cette observation est fort exacte ; et la bouche des poissons a toujours quelque chose de cartilagineux. — Que très-peu d’instants. La raison en est donnée un peu plus bas, puisque les poissons ne peuvent pas rester longtemps la bouche ouverte. Cependant cette raison n’est pas très-bonne ; car la perception du goût peut avoir lieu, quoique la bouche soit fermée. — Très-rapide et très-court. Il n’y qu’un seul mot dans le texte. — Écourtée. J’ai pris ce mot pour reproduire autant que possible la répétition qui est dans le texte. — Est d’une extrême rapidité. Le fait est très-exact ; et d’ordinaire on signale la voracité de la plupart des poissons. L’explication que donne Aristote est peut-être encore la plus plausible. — L’eau leur entrerait dans la bouche. L’eau entre bien dans la bouche des poissons, mais en petite quantité ; et c’est par les branchies qu’ils respirent. La zoologie moderne ne paraît pas avoir étudié spécialement la conformation de la bouche des poissons, bien qu’une classe tout entière s’appelle les cyclostomes, parce que les mâchoires sont soudées en un anneau immobile ; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 128, édit. de 1829. — Très-inclinée. Afin de mieux voir comment leur langue est faite. — Distincte et détachée. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. On se rappelle que toute la classe des chondroptérygiens est dépourvue de langue ; et dans la plupart des poissons à branchies libres, la langue n’est formée que par la protubérance d’un os, auquel s’articulent ceux qui supportent les branchies ; voir Cuvier, Anatomie comparée, XVe leçon, tome II, p. 681, Ier édition. En général, la langue des poissons est osseuse, et parfois même elle est couverte de dents ; ce qui la rend peu sensible. C’est surtout par la membrane du palais, à ce qu’il semble, que les poissons sentent les saveurs. — Formée de la superposition des branchies. Cette description n’est pas très-exacte, et elle n’est pas non plus très-claire.