Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/434

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§ 11[1]. Beaucoup de poissons ont le palais charnu ; et, dans les rivières, quelques espèces l’ont excessivement chargé de chair et mou, comme les poissons qu’on appelle les carpes. C’est à ce point que, si l’on n’y regarde pas de très-près, il semble qu’ils ont là une langue. Mais, par la raison qu’on vient de dire, si les poissons ont une langue, l’articulation de cette langue n’est pas très-distincte. Comme le sens des saveurs ne s’exerce qu’en vue de la nourriture qu’elles renferment, cette partie doit avoir l’apparence d’une langue, non pas cependant dans toute son étendue, mais principalement à son extrémité. C’est là comment, chez les poissons, il n’y a que cette partie extrême qui soit bien déterminée.

  1. Ont le palais charnu. L’observation est exacte. — Chargé de chair. Ceci est la répétition de ce qui vient d’être dit ; mais cette répétition est dans le texte. C’est que sans doute l’auteur a d’abord parlé des poissons de mer, et qu’ensuite il leur oppose les poissons d’eau douce. — Les carpes. Le mot du texte est Cyprinoi ; mais l’identification paraît tout à fait certaine ; c’est le Cyprinus carpio de la zoologie moderne ; voir MM. Aubert et Wimmer, Histoire des Animaux, t. I, p. 133, n° 39 du Catalogue des poissons. — Si l’on n’y regarde pas de très-près. Voir plus haut, § 8. — Qu’elles renferment. Il serait plus exact de dire ; « Qui les renferme ; » car les saveurs sont dans les aliments et les aliments ne sont pas dans les saveurs ; mais j’ai dû suivre le texte. — Mais principalement à son extrémité, qui est la seule à être détachée assez nettement pour qu’on la reconnaisse. C’est que, dans les poissons, la langue est assez généralement soutenue par un os ou un cartilage ; cette langue n’a pas toujours de muscles propres ; et elle a très-peu de mouvements ; voir Cuvier, Anatomie comparée, XVIIIe leçon, p. 277. 1ere édition. Il y a cependant quelques poissons, comme le congre, qui ont la langue très-longue.