Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/109

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fit des πραγματεῖαι, des corps de doctrines, d’un côté le système de Logique, de l’autre le système de Physique, etc.

Il est généralement admis que le nom de Métaphysique, Μετὰ τὰ φυσιϰά, n’est pas celui qu’Aristote avait donné à son ouvrage. On fonde cette probabilité sur ce qu’Aristote ne nomme nulle part Μετὰ τὰ φυσιϰά la science dont il traite : et en effet, les noms sous lesquels il la désigne n’ont rien de commun avec cette expression ; c’est d’abord le mot Sagesse, puis Philosophie première, puis Science de la vérité, puis Science de l’être en tant qu’être, enfin Théologie. Μετὰ τὰ φυσιϰά signifie après la Physique ; non pas dans l’ordre de la science, car ce qui vient immédiatement après la Physique, selon Aristote, ce sont les Mathématiques ; mais par la place où le traité de l’Être a été rangé d’abord dans la collection des ouvrages d’Aristote. Après tous les ouvrages sur la nature, après la Physique, après l’histoire des animaux, après les autres traités analogues, c’est encore la place que la Métaphysique occupe aujourd’hui. Alexandre d’Aphrodisée, le plus ancien, le plus savant et le plus sûr des commentateurs de la Métaphysique, dit même formellement que telle est l’origine du mot Métaphysique : Μετὰ τὰ φυσιϰὰ… τῶ τῇ τάξει μετ’ ἐϰείνην εἶναι πρὸς ἡμᾶς[1]. Quant au mot Μεταφυσιϰά, que l’on trouve chez quelques écrivains des bas siècles, au lieu de Μετὰ τὰ φυσιϰά, ce n’est qu’une corruption, une crase, comme on en voit un grand nombre dans toutes

  1. Brandis, Scholia in Aristotelem, εἰς τὸ Β, p. 603.