Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/12

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tôme manifeste de l’agonie du système ; Pourtant ce n’est pas un système qui eut les honneurs du triomphe ; ce ne fut ni Platon, ni Parménide, encore moins Épicure. C’est au nom des progrès de l’empire humain que Bacon prononça la condamnation du passé : Descartes confirma la sentence au nom de la pensée rétablie dans ses droits imprescriptibles.

On sait jusqu’à quel excès le dix-septième siècle poussa, en philosophie, son mépris pour la tradition. Aristote surtout, qui avait été l’âme de la Scolastique, fut en butte à tous les outrages. On le chassa même de la Logique qu’il avait créée, même de l’Art oratoire. Si la Poétique d’Aristote conserva son autorité, si cette autorité s’accrut encore durant la grande époque littéraire, ce n’est pas, comme on l’a tant répété, par la vertu singulière du nom d’Aristote : Boileau lui-même s’est égayé aux dépens d’Aristote et des Aristotéliciens. Ce miracle eut une autre cause. La vérité absolue n’est pas encore dans ce monde, mais du premier bond, pour ainsi dire, l’humanité a atteint les limites du beau ; et la Poétique d’Aristote, tableau fidèle, quoi qu’on en ait dit, de la pratique des éternels maîtres, pourrait bien n’être pas autre chose que l’énumération des conditions éternelles de l’absolue beauté.

Le dix-huitième siècle se tourna vers une face nouvelle des choses. Il vit dans une portion de la réalité, la réalité tout entière, dans une vérité, la vérité même. Comme le dix-septième siècle avant lui, plus encore peut-être, plein d’une admiration sincère pour ses propres découvertes, convaincu que l’âge de la raison datait