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Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/13

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de lui seulement, il condamna, avec une assurance impitoyable, tout ce qui l’avait précédé, même le grand siècle. Il s’agissait bien, alors que Malebranche passait pour insensé, alors que Descartes n’était guère plus doucement traité que Malebranche, il s’agissait bien d’Aristote, de Platon, de la philosophie antique ! Hormis quelques érudits paisibles, ou quelques hommes assez forts pour s’arracher aux vives préoccupations du moment, combien y en avait-il, non pas seulement en France, mais en Europe, qui connussent de Platon et d’Aristote autre chose que leur nom, et que ne satisfit pas le jugement traditionnel sur les rêveries mystiques de Platon, et les abstractions vides de sens de son pédantesque rival ? On continuait à médire d’Aristote et de Platon, mais sans se donner la peine de motiver la critique, par habitude, par imitation, plutôt que par animosité véritable, et l’on riait, sans trop savoir pourquoi, des plaisanteries de Voltaire sur les grands mots de catégories et d’entéléchie.

Leibnitz s’était proclamé, et à bon droit, le disciple d’Aristote. Leibnitz jouit pendant le dix-huitième siècle d’une renommée immense et d’une grande autorité. Aristote n’y gagna rien. On s’obstina à rapporter à Leibnitz toute la gloire de son grand système. L’idée de la Scolastique effrayait encore les esprits ; on eût cru, en adressant quelques hommages à l’antique idole de la Scolastique, reculer vers le moyen âge, c’est-à-dire, dans l’opinion du temps, vers la barbarie. Leibnitz protesta du moins. Mais en France, l’anathème fut maintenu, sans adoucissement, sans réclamation, avec une persévérance inouïe. Pas une