Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/153

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un des penseurs les plus consciencieux du XVIe siècle et de tous les siècles : mais il voyait Aristote avec les yeux d’un platonicien convaincu et, par suite, exclusif et injuste[1]. Charpentier commente aussi la Métaphysique ; mais c’est pour insulter Platon et le Platonisme ; c’est pour exhaler sa colère contre Ramus. Tout lui est arme indifféremment ; en homme qui n’avait pas craint d’attribuer à Aristote ses propres élucubrations[2], il ne se fait pas défaut de falsifier les textes, de les torturer à sa guise. Du reste, la philosophie n’était pour lui qu’un prétexte. La philosophie, ni le système d’Aristote n’ont rien à démêler avec les crimes de cet homme. Il y a dans tous les temps des intrigants qui veulent paraître ce qu’ils ne sont pas, et qui cachent leur turpitude sous le masque du dévouement aux intérêts de la science ; de ces misérables qui réussiraient à déshonorer les plus nobles causes. Ce n’est pas un péripatéticien fanatique qui a montré la porte aux assassins de Ramus, c’est un candidat sévèrement apprécié qui se vengeait de son juge.

Les autres commentaires de la même époque et de la première moitié du dix-septième siècle sont assez

  1. Scholæ Metaphisicæ, Paris, 1666.
  2. Du Val a imprimé à la fin de son édition un ouvrage soi-disant d’Aristote, dont l’original grec aurait péri, et que Charpentier aurait traduit de l’arabe en latin. Or, Charpentier ne savait pas le premier mot de la langue arabe. Voici le titre de cette immense et indigeste compilation péripatéticienne : Aristotelis libri XIV de secretiore parte divinæ sapientiæ secundum Ægyptios. Qui illius Metaphysica vere continent ; cum Platonicis magna ex parte convenientia. Opus ex Arabica lingua in Latinam conversum, per Jacobum Carpentarium, Claromontanum Bellovacum.