Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/189

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près de tout le reste. Enfin ils voyaient dans les nombres, les combinaisons de la musique et ses accords. Toutes les choses leur ayant donc paru formées à la ressemblance des nombres, et les nombres étant d’ailleurs antérieurs à toutes choses, ils pensèrent que les éléments des nombres sont les éléments de tous les êtres, et que le ciel dans son ensemble est une harmonie et un nombre. Toutes les concordances qu’ils pouvaient découvrir dans les nombres et dans la musique, avec les phénomènes du ciel et ses parties, et avec l’ordonnance de l’univers, ils les réunissaient, ils en composaient un système. Et si quelque chose manquait, ils employaient tous les moyens pour que le système présentât un ensemble complet. Par exemple, comme la décade semble être un nombre parfait, et qu’elle embrasse tous les nombres, ils prétendent que les corps en mouvement, dans le ciel sont au nombre de dix. Or, n’y en ayant que neuf de visibles, ils en imaginent un dixième, l’Antichthone[1], Nous avons expliqué tout cela avec plus de détail dans un autre ouvrage[2]. Si nous y revenons, c’est pour constater à leur égard,

  1. Ἀντίχθων, opposita terra, le corps qui, dans l’ensemble du monde, est opposé à la terre. Les vrais Pythagoriciens, suivant Asclépius et Philopon, appelaient Antichthone, la sphère de la lune, parce que c’est la lune qui fait les éclipses de soleil pour la terre, et la terre nos éclipses de lune, qui sont les éclipses de soleil pour la lune. Brandis, Schol. p. 541. Philop. fol. 5, a. Mais Aristote n’indique-t-il pas ici un corps purement imaginaire ? C’est ce que donne à penser le choix même des expressions : προσεγλίχοντο, ποιοῦσι, etc.
  2. Alexandre cite le De Cælo et le Traité sur les Pythagoriciens. Ce dernier livre, dont parle aussi Diogène de Laërce, ne nous est point parvenu.