Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/193

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derniers, Xénophane et Mélissus, dont les conceptions sont véritablement un peu trop grossières. Pour Parménide, il semble parler d’après une vue plus approfondie des choses. Persuadé que, hors de l’être, le non-être n’est rien, il admet que l’être est nécessairement un, et qu’il n’y a rien autre chose que l’être, question sur laquelle nous nous sommes étendus avec détail dans la Physique[1]. Mais, forcé d’expliquer les apparences, d’admettre la pluralité donnée par les sens en même temps que l’unité conçue par la raison, il pose, outre le principe de l’unité, deux autres causes, deux autres principes, le chaud et le froid, ce sont le feu et la terre. De ces deux principes, il rapporte l’un, le chaud, à l’être, et l’autre au non-être.

Voici les résultats de ce que nous avons dit, et ce qu’on peut inférer des systèmes des premiers philosophes relativement aux principes. Les plus anciens admettent un principe corporel, car l’eau et le feu et les choses analogues sont des corps ; chez les uns ce principe corporel est unique ; il est multiple chez les autres ; mais les uns et les autres l’envisagent au point de vue de la matière. Quelques-uns, outre cette cause, admettent encore celle qui produit le mouvement, cause unique chez les uns, double chez les autres. Toutefois, jusqu’à l’École Italique exclusivement, les philosophes se sont peu expliqués sur ces principes. Tout ce qu’on peut dire d’eux, c’est, comme nous l’avons fait, qu’ils se servent de deux causes, et que l’une de ces deux causes, celle du mouvement, est considérée par

  1. Voyez notamment Physic. auscult., 1. T. c. 2, 3. Bekk., p. 186-187.