Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/199

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Nous venons de voir brièvement et sommairement quels philosophes ont parlé des principes et de la vérité, et quels ont été leurs systèmes. Cet examen rapide nous suffit néanmoins pour constater que, de tous ceux qui ont parlé des principes et des causes, nul ne nous a rien montré qui ne puisse se ramener aux causes que nous avons déterminées dans la Physique ; mais que tous, obscurément il est vrai, chacun pourtant de son côté, paraissent avoir effleuré quelqu’une d’entre elles.

En effet, les uns parlent du principe matériel, qu’ils le supposent un ou multiple, corporel ou incorporel. Tels, sont, par exemple, le grand et le petit de Platon, l’infini de l’École Italique, le feu, la terre, l’eau et l’air d’Empédocle, l’infinité des homéoméries d’Anaxagore. Tous ces philosophes ont évidemment touché ce principe, et, avec eux, tous ceux qui admettent comme principe ou l’air, ou le feu, ou l’eau, ou quelque chose de plus dense que le feu, mais plus subtil que l’air ; car tel est, selon quelques-uns, la nature de l’élément premier[1]. Ces philosophes ne se sont donc attachés qu’à la cause matérielle. D’autres ont recherché la cause du mouvement, tous ceux, par exemple, qui donnent comme principes l’Amitié et la Discorde, ou l’Intelligence, ou l’Amour. Quant à la forme, à

  1. Anaximandre, si l’on en croit Alexandre d’Aphrodisée, Schol, p. 553 ; Sepulveda, p. 22. D’autres pensent qu’Anaximandre avait pris pour principe l’infini, τὸ ἄπειρον, Diog., II, 1 ; opinion qui peut, du reste, se concilier avec la remarque d’Alexandre d’Aphrodisée ; le τὸ ἄπειρον désignerait l’attribut par excellence, le mode essentiel de l’élément premier.