Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/206

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Ceux qu’on appelle Pythagoriciens emploient les principes et les éléments d’une manière plus étrange encore que les Physiciens ; et cela vient de ce qu’ils prennent les principes en dehors des êtres sensibles : les êtres mathématiques sont privés de mouvement, à l’exception de ceux dont traite l’Astronomie. Or, toutes leurs recherches, tous leurs systèmes portent sur les êtres physiques. Ils expliquent la production du ciel, et ils observent ce qui se passe dans ses diverses parties, ses révolutions, ses mouvements ; c’est à cela qu’ils dépensent leurs principes et leurs causes, comme s’ils accordaient avec les Physiciens à reconnaître que l’être se réduit à ce qui est sensible, à ce qu’embrasse notre ciel. Mais leurs causes et leurs principes suffisent, selon nous, pour s’élever à la conception d’êtres hors de la portée des sens ; elles s’y appliqueraient beaucoup mieux qu’aux considérations physiques.

Ensuite, comment aura lieu le mouvement, s’il n’y a pas d’autres substances que le fini et l’infini, le pair et l’impair ? Ils n’en disent rien ; ils n’expliquent pas non plus comment peuvent s’opérer, sans mouvement et sans changement, la production et la destruction, ou les révolutions des corps célestes. Supposons d’ailleurs qu’on leur accorde, ou qu’il soit démontré que l’étendue se tire de leurs principes, restera encore à expliquer pourquoi certains corps sont légers, pourquoi d’autres sont pesants ; car, ils le déclarent eux-mêmes, et c’est-là leur prétention, tout ce qu’ils disent des corps mathématiques, ils le disent des corps sensibles : aussi n’ont-ils jamais parlé du feu, de la terre, des autres corps analogues, comme