Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/216

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principes que nous venons de nommer, il est évident aussi que, de ces diverses espèces, celles qui sont antérieures ne se trouveront point dans celles qui sont postérieures[1]. Et il ne faut pas dire que le profond est une espèce du large, car alors le corps serait une sorte de plan. D’ailleurs les points, d’où viendront-ils ? Platon combattait l’existence du point, comme n’étant qu’une conception géométrique[2] : il lui donnait le nom de principe de la ligne ; les points sont aussi ces lignes indivisibles dont il parlait souvent. Cependant il faut que la ligne ait des limites ; et les mêmes raisons qui établissent l’existence de la ligne, établissent aussi celle du point.

En un mot, quand le propre de la philosophie est de rechercher les causes de phénomènes, c’est cela même qu’on néglige. Car on ne dit rien de la cause qui est le principe du changement ; et, pour expliquer l’essence des êtres sensibles, on pose d’autres essences : mais comment les unes sont-elles les essences des autres ? on ne dit là-dessus que de vains mots. Car, participer, comme nous l’avons dit plus haut, ne signifie rien. Quant à cette cause qui est, selon nous,

  1. Le texte : Οὐδὲν τῶν ἄνω ὑπάρξει τοῖς κάτω.Dans cette phrase, comme le remarque M. Cousin, τὰ ἄνω et τὰ κάτω équivalent à τὰ πρότερα et τὰ ὕστερα, en entendant par là cette antériorité et cette postériorité de nature et d’essence dont parle Aristote, V, 11, qui fait que de deux choses, l’une, celle qui est antérieure, peut exister sans l’autre, tandis que l’autre ne saurait exister sans la première. De cette sorte le nombre est antérieur à la ligne, la ligne au plan, le plan au solide ; car la ligne peut exister sans la surface et indépendamment d’elle, mais non pas la surface sans la ligne, etc.
  2. Γεωμετρικὸν δόγμα.