Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/256

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éléments. Elle n’a pas en elle la Discorde ; et c’est le semblable qui connaît le semblable :

Par la terre, dit Empédocle, nous voyons la terre, l’eau par l’eau  ;
Par l’air, l’air divin, et par le feu, le feu dévorant  ;
L’Amitié par l’Amitié, la Discorde par la Discorde fatale.[1]

Il est donc manifeste, pour revenir au point d’où nous sommes partis, que la Discorde, chez ce philosophe, est tout autant cause d’être que cause de destruction. De même l’Amitié est tout autant cause de destruction que d’être. En effet, quand elle réunit les êtres, et les amène à l’unité, elle détruit tout ce qui n’est pas l’unité. Ajoutez qu’Empédocle n’assigne au changement lui-même aucune cause ; il dit seulement qu’il en fut ainsi

Alors que la puissante Discorde eut grandi,
Et qu’elle se fut élancée pour s’emparer de ses honneurs, au jour marqué par le temps ;
Le temps, qui se partage alternativement entre la Discorde et l’Amitié ; le temps qui a précédé même le majestueux serment ;[2]

comme si le changement était nécessaire : mais il n’assigne pas de cause à cette nécessité.

Toutefois Empédocle a été d’accord avec lui-même


  1. Sturtz, Emped. carm., p. 527. Ces vers sont cités encore ailleurs par Aristote : De Anima, liv. I, 2. Bekk·, p. 404. On les retrouve après lui dans le commentaire de Philopon sur le De generatione et corruptione, et dans l’ouvrage de Sextus Empiricus : Contre les mathématiciens.
  2. Sturtz, Emped. carm., p. 519. Ces vers sont cités aussi par Simplicius, Ad Arist. Phys. auscult, 8, fol. 272, b. Voyez la note à la fin du volume.