Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/282

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homme privé de raison, ressemble à une plante. Et établir par voie de réfutation, c’est autre chose, selon moi, que démontrer. Celui qui démontrerait ce principe, ferait, ce semble, une pétition de principe. Mais qu’on essaie de donner un autre principe comme cause de celui-là, alors il y aura réfutation, mais non pas démonstration.

Pour se débarrasser de toutes les arguties, il ne suffit pas de penser ou de dire qu’il existe ou qu’il n’existe pas quelque chose, car on pourrait croire que c’est là une pétition de principe ; il faut désigner un objet et à soi-même et aux autres. Il le faut même nécessairement, puisqu’on donne un sens aux paroles, et que l’homme pour qui elles n’auraient pas de sens, ne pourrait ni s’entendre avec lui-même, ni parler à un autre. Si l’on accorde ce point, alors il y aura démonstration ; car il y aura déjà quelque chose de déterminé. Mais ce n’est pas celui qui démontre qui est cause de la démonstration, c’est celui qui subit la démonstration. Il détruit d’abord tout langage, et il admet ensuite qu’on peut parler. Enfin celui qui accorde que les paroles ont un sens, accorde aussi qu’il y a quelque chose de vrai indépendamment de toute démonstration. De là l’impossibilité des contraires.

Avant tout, cette vérité est donc hors de doute, que le nom signifie que telle chose est ou qu’elle n’est pas. De sorte que rien absolument ne saurait être et n’être pas de telle manière. Admettons d’ailleurs que le mot homme désigne un objet ; soit cet objet animal à deux pieds. Je dis qu’alors ce nom n’a pas d’autre sens que ceci : si l’animal à deux pieds est l’homme, et