Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/309

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À tous ceux qui avancent de pareilles doctrines, il ne faut point demander, nous l’avons déjà dit plus haut, s’il y a ou s’il n’y a pas quelque chose, il faut leur dire de désigner quelque chose. Il faut, pour discuter, partir d’une définition, déterminer ce que signifient vrai ou faux. Si affirmer telle chose c’est le vrai, si la nier c’est le faux, il sera impossible que tout soit faux. Car il faut nécessairement que l’une des deux propositions contradictoires soit vraie ; et ensuite s’il faut de toute nécessité affirmer ou nier toute chose, il sera impossible que les deux propositions soient fausses ; l’une des deux seulement est fausse. Joignons à cela cette observation déjà tant rebattue, que toutes ces assertions se détruisent elles-mêmes. Celui qui dit que tout est vrai, affirme aussi la vérité de l’assertion contraire à la sienne ; de sorte que la sienne n’est pas vraie ; car celui qui avance la proposition contraire prétend qu’il n’est pas dans le vrai. Celui qui dit que tout est faux, affirme aussi la fausseté de ce qu’il dit lui-même. S’ils prétendent, l’un que l’assertion contraire seulement n’est pas vraie, l’autre que la sienne seule n’est pas fausse, ils posent par cela même une infinité de propositions vraies ou de propositions fausses. Car celui qui prétend qu’une proposition vraie est vraie, celui-là dit vrai ; or, cela nous mène à l’infini[1].

Il est évident encore que, ni ceux qui prétendent que tout est en repos, ni ceux qui prétendent que


  1. Telle proposition est vraie. Il est vrai que telle proposition est vraie. Il est vrai qu’il est vrai que telle proposition est vraie, etc.